Me voici pour une fois un peu posée au même endroit, et j’ai décidé de mettre de côté la collecte des contes pour me confronter sérieusement au rôle d’en face. Car si il est facile de raconter des histoires, accoudée à un comptoir mexicain, ou en faisant du stop sur le bord d’une route d’Argentine, c’est une autre paire de manche que de se produire devant un public !
J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à raconter les histoires que je récolte, mais il était grand temps de mettre un peu de technique dans l’affaire. Or (et c’est toujours comme cela que cela se passe dans une bonne histoire), j’avais à peine posé mon dernier carton d’emménagement dans mon nouveau chez-moi que je suis tombée sur ceci :
Difficile de refuser pareille proposition. En piste, donc, pour un week-end de stage chez les Tisseurs de contes !
Exercices, improvisations et virelangues en bonne compagnie, j’ai eu le plaisir de rencontrer des curieux et des passionnés, toujours prêts à partager une bonne histoire, et surtout un bon truc pour la mettre en scène. Car moi qui venais chercher de la technique, j’ai été servie… et j’ai vraiment saisi la mesure du boulot qu’il me reste. C’est fou ce que deux jours de racontage d’histoires peuvent vous épuiser !
Du travail, mais aussi du plaisir. Un conte ne serait pas un conte sans un rebondissement inattendu. C’est ainsi que j’ai entendu une histoire, où un lapin malin, armé d’une simple liane, ridiculise un éléphant et un rhinocéros qui se prenaient pour les rois du monde… Conte traditionnel africain, semble-t-il. Mais moi, c’est un conte que j’avais entendu en Louisiane, dans le bayou, et presque à l’identique (pour mémoire, c’était ici). La présence d’un éléphant en Louisiane m’avait déjà mis la puce à l’oreille, et on peut en être sûr à présent : ce conte est venu en Louisiane par le biais des esclaves noirs. Cela dit, ce n’est pas tellement pour des considérations scientifiques que cela m’a ravie, mais bien parce que c’est toujours un peu magique de réentendre un conte que j’ai déjà collecté à l’autre bout du monde. C’est un peu comme un vieil ami, qui surgit à un moment inattendu, et qu’on ne reconnait pas tout de suite.
Puisqu’il fallait chacun venir avec un conte à travailler, je suis venue avec le premier que j’ai rencontré au début du mon périple américain, qui n’a depuis cessé de me poursuivre… Une histoire que je connais sur le bout des doigts, mais qui ne se laisse pas raconter si facilement !
Autrefois, les tortues vivaient dans le ciel et non dans la mer…
Ah oui, mais stop, puisque la grande leçon du week-end fut de ne pas rester prisonnier des mots écrits pour ne pas figer le conte… C’est donc autour d’un verre, et non devant un écran, que je raconterai l’histoire de la petite tortue, de la lune, et de cette étoile qui n’a cessé d’éclairer mon chemin depuis que je l’ai croisée.